Le soleil déclinait
doucement sur Abidjan ce dimanche 19 janvier, alors que les Actionnaires,
convergeaient vers le stade ou allumaient leurs écrans. Une étrange tension
flottait dans l'air. Cette soirée allait-elle marquer un tournant glorieux ou
une déception cuisante ? Deux matchs, à des milliers de kilomètres l’un de
l’autre, allaient décider du sort de leur équipe fétiche. À Abidjan, les Mimos
devaient triompher face à un club botswanais, tandis qu’à Alger, l’USMA
affrontait un adversaire dont le résultat pourrait sceller leur destin.
Dès le coup d'envoi
au Stade Félix Houphouët Boigny, les Mimos déroulèrent un jeu agressif, comme
une meute affamée. Les minutes s'égrènent, et soudain, les filets tremblent !
Un cri de joie explose dans le stade : premier but. Puis un deuxième, un troisième,
et enfin un quatrième. La mission semblait presque accomplie. Mais une ombre
planait encore : à Alger, le score restait obstinément vierge à la mi-temps.
Les supporters, à la
fois présents et ailleurs, jonglaient entre l’effervescence du match sous leurs
yeux et l’angoisse de l’autre confrontation, suivie frénétiquement sur leurs
téléphones. Dans les travées, des murmures d’espoir se heurtaient à des soupirs
de frustration. Pourquoi l’USMA, équipe déjà qualifiée, semblait-elle si peu
motivée à marquer ? Chaque minute qui passait semblait étendre un voile de
doute sur le crâne des spectateurs.
À Alger, le ballon
circulait lentement, comme si le temps lui-même s’était figé. Les joueurs de
l’USMA, profitant d’une possession écrasante, ne pressaient pas leurs attaques.
Et pourtant, il suffisait d’un but pour changer le cours de l’histoire. Les œillades
frénétiques vers les écrans de smartphones se multipliaient. « Toujours 0-0 ? »
demandait un supporter à voix basse. La réponse, invariable, alimentait
l’impatience.
Et puis, à la 81e
minute de jeu, un rugissement éclata. Alger venait de trouver la faille ! Les
travées du stade d’Abidjan, clairsemées mais à l’affût, se transformaient en
cratère de joie. Les joueurs sur le terrain, eux aussi informés, exultaient
presque autant que leurs supporters. Mais l’épilogue était encore loin. Les
regards se tournaient vers Alger, où les dernières minutes s’écoulaient comme
des heures.
Le coup de sifflet
final retentit à Abidjan. Mais étrangement, ce fut dans un silence presque
religieux. Le sort du match d’Alger était la clé, et personne n’osait crier
victoire. Les secondes s’étirèrent, les prières s’enchaînèrent. Et soudain, la
nouvelle tomba : un deuxième but algérois, inscrit dans le temps additionnel !
L’explosion
de joie fut foudroyante. Les émotions refoulées jaillirent en une communion
éclatante entre les supporters et leurs héros. Une fois encore, le club jaune
et noir était le seul représentant ivoirien en lice à ce niveau de la
compétition, pour la troisième année consécutive. La dramaturgie du football
venait de rappeler à tous qu’elle surpassait, souvent, les chefs-d’œuvre du
suspense littéraire.
Benoît
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